Résumé :
n'est point de pouvoir sans entrave au jaillissement spontané de la vie. Etre asservi, c'est être déjà mort ou en train de mourir. En evanche, la jouissance du pouvoir donne l'illuon de l'immortalité. Ainsi, tout pouvoir a un arrière-goût de mort et l'un et l'autre sont indissublement associés dans une relation aux multiples facettes.
C'est d'abord le pouvoir de la mort qui s'impose comme une implacable nécessité. Mais c'est aussi, dans notre civilisation qui a misé sur la maîtrise du monde, le pouvoir sur la mort avec le fol espoir de la différer ou d'en supprimer l'horreur. C'est également le pouvoir par la mort qui couve au sein de tout système politique inséparable de l'exercice direct ou indirect du pouvoir. Celui-ci peut jouer ouvertement sur l'angoisse de mort par la menace brandie ou exécutée. Plus souvent, il s'en sert insidieusement en garantissant l'opulence et la paix à ceux qui s'ajustent bien aux structures qu'il impose. Chantage à la mort, chantage à la vie, c'est la même mystification d'un pouvoir qui nous dérobe à la fois et notre mort, et notre vie.
Source : Payot