Martin Winclker,
auteur, médecin, homme de radio, nous livre ses impressions
sur son métier et sur ses ouvrages.
Entretien avec cet homme aux multiples talents et activités.
Livrenpoche :
Dans tous vos ouvrages, Bruno Sachs est toujours présent.
En quoi vous ressemble-t-il ?
Martin Winckler:
Je ne crois pas qu'il me ressemble tant que ça, je
crois qu'il ressemble plus à mon père. Et je
ne crois pas qu'il ait besoin de me ressembler pour être
le vecteur de ce que je pense. C'est un messager, pas un double.
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La
vacation
J'ai Lu n°5082
255 Pages - 1998
ISBN : 2290050822
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Vous touchez aujourd'hui beaucoup de domaines (radio, littérature,
séries télé,
). Lequel pour vous et le
plus passionnant ?
M.W. : Tous. Mais c'est surtout du travail, vous savez. Ce
qui me passionnerait vraiment ce serait de passer un an devant un
poste de télévision qui diffuse toutes les chaînes
américaines et d'écrire ce que je vois. La radio,
c'est surtout du travail : je parle trois minutes, mais je prépare
pendant 3 à 4 heures chaque jour. La littérature,
c'est personnel : j'écrirais de toute manière. Je
ne suis pas tenu de publier des livres, mais j'en écris aussi
sur commande pour élever mes enfants (et les faire boufffer,
car ils sont voraces !)
Vous n'avez plus de temps pour pratiquer la médecine.
Cela ne vous manque-t-il pas ?.
M.W. : Mais je pratique toujours la médecine : à
l'hôpital du Mans, dans le service de planification, deux
fois par semaine. Et j'écris sur le sujet parce que je pratique
toujours. Je n'ai jamais cessé de pratiquer depuis que je
suis entré dans un hôpital, en 1976.
Le poulpe que vous avez écrit est assez différent
de ce qui ont été publiés auparavant. Le ton
donné change complètement et le héros passe
presque au second plan. Est-ce voulu ?
M.W. : Oui, bien sûr. Je voulais parler du poulpe adolescent
pour parler de mes personnages jeunes adultes. A l'adolescence,
Gabriel ne pouvait être qu'un témoin plus ou moins
consentant. Il n'a pas toujours été activiste, même
s'il a tout fait pour ça. Et puis je voulais parler des années
70... C'était ça le sujet du livre : l'amour, l'amitié,
la loyauté, la fidélité à ses idéaux.
Durant tout le roman « la vacation » , on se demande
où vous voulez en venir. Ce roman a-t-il été
composé pour dénoncer l'interruption de grossesse
volontaire ou bien pour mettre en avant les pratiques des médecins
et ce qu'ils ressentent ?
M.W. : Pour dire que les IVG, ça fait mal à
tout le monde (les femmes, les hommes, les soignant(e)s) ; ça
n'est pas banal ; ça n'est pas "anecdotique". Il
faut les faire (car autrement, les femmes s'avorteront seules et
elles en mourront) mais si on ne veut pas qu'il y en ait autant,
il faut donner aux femmes les moyens de contrôler leur fécondité.
je l'ai fait aussi en écrivant "Contraceptions mode
d'emploi", qui sera remis à jour à la fin de
l'année avec une 2e édition.
Vos personnages touchant de près ou de loin le domaine
médical semble être lassé ou fatigués
par leur travail. Est-ce parce que c'est un travail éprouvant
ou est-ce par "dénonciation" du système
?
M.W. : Les deux. C'est un travail éprouvant et le
système exploite et pèse sur les plus travailleurs.
Alors, il les épuise.
Est-ce que pour vous, le roman est un moyen de dénoncer
des choses pour vous, peut-être, les abus dans le domaine
de la médecine ?.
M.W. : Un roman, c'est le moyen d'exprimer ses sentiments,
ses doutes, son expérience, ses convictions. Et de les faire
partager. Je n'écris pas de romans pour avoir des lecteurs.
J'écris pour les lecteurs qui pensent aux mêmes choses
que moi et aimeraient bien lire des choses qui leur sont proches.
Je ne sais pas combien il y en a, et ça n'a pas d'importance.
Je suis publié, c'est déjà beaucoup.
Quels sont vos projets pour lavenir ?
M.W. : Continuer à gagner ma vie en écrivant
des livres, aider mes enfants à commencer leur vie, continuer
à vivre. C'est un programme à temps plein
Merci !
Benjamin DUQUENNE
Le résumé :
Le médecin Bruno Sachs se plie chaque
jour aux rituels de l'avortement. Table d'examen, spéculum,
passoire, blouse blanche, vrombissement de l'aspirateur. Les pieds
glissés dans les jambières métalliques et les
cuisses écartées cachent à peine le sourire
tendu de la femme qui, souvent, éprouve le besoin de justifier
l'acte. Au sol, la bassine tapissée d'un sac en plastique
noir attend
Mais n'attend "rien qui ressemble à
un bébé".
Bruno Sachs s'est fait un devoir de rédaction : a couché
sur le papier les lignes salvatrices qui donneront vie à
la Vacation.
Source : J'ai Lu
Ce que nous en pensons :
Roman qui a le mérite de nous ouvrir
les yeux sur un monde inconnu et secret. Monde que l'on cache. Une
ouverture d'esprit impérative à notre époque.
Mais un roman qui fait froid dans le dos. Une histoire forte d'un
personnage principal paumé qui ne sait plus faire la part
des choses entre sa vie professionnelle et personnelle et une fin
déroutante qui nous laisse sur une impression de mal à
l'aise.
Notre note pour "la vacation":
Autres parutions :
La maladie de Sachs - J'ai Lu -
Touche pas à mes deux seins - Le poulpe / Librio -
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