Résumé :
Destiné à devenir le livret d'un opéra, ce court texte peut être considéré comme un hommage au grand Lao She (1899-1966) dont la mort, le 24 août 1966, demeure, en l'état actuel des connaissances historiques, une énigme, la version officielle du suicide paraissant, eu égard à la foi chrétienne de Lao She, fort peu crédible, même si Liu Xinwu semble la faire sienne.
L'action se situe ce jour tragique du 24 août 1966 ; vont figurer sur la scène sept personnages, les uns historiques (Lao She et sa mère), les autres nés de l'imaginaire romanesque, qu'il s'agisse de créatures appartenant à l'œuvre de Lao She (Xiangzi, le tireur de pousse-pousse dans le roman éponyme ; Yueya'er, l'héroïne malheureuse dans " le Croissant de Lune ") ou encore de créatures engendrées par l'imaginaire de Liu Xinwu (une chamane ; la fatalité historique représentée par une trace de pas noire ; un dazibao, image vivante de la féroce et inhumaine propagande pendant la Révolution culturelle).
Le personnage Lao She, désespéré, se dirige vers les eaux du lac de la Paix pour y retrouver l'utérus protecteur de la mère défunte. Les créatures de ses romans, désireuses de lui venir en aide, font appel à la magie de la chamane pour le guérir de ses désirs morbides…
Grâce à la sorcellerie, Lao She va pouvoir dialoguer avec l'Histoire mais l'enseignement qu'il en tirera l'accablera davantage encore. Il continuera donc jusqu'à son terme sa marche vers la mort, mais ce n'est pas à lui que reviendront les derniers mots du livret : une tirade de la chamane, vibrante d'optimisme historique, redira l'espérance de l'auteur dans les lendemains qui, quoi qu'il en coûte à l'individu, chanteront.
Source : Bleu de Chine