Résumé :
Vo Nguyen Giap regarda encore une fois la carte. Toute sa foi, toute son ardeur, tous ses espoirs étaient là, dans ce triangle bordé de montagnes, gorgé d'eau.
Une boue épaisse dans laquelle s'enfon¬çaient les blindés du Corps Expéditionnaire, les illusions de son général en chef, les dis-cours des gouvernements français, le ver¬biage des partisans de la plus grande France, les vagues de l'Occident.
Seize mille kilomètres carrés de boue pour laquelle la nation française, oublieuse de sa révolution, versait des milliards et le sang de ses fils. Mais, pour Giap, ces seize mille ki¬lomètres carrés représentaient la naissance d'une nouvelle race, l'aboutissement d'un idéal.
Ce petit professeur d'histoire, ce «général» entre guillements, allait-il prouver à tous ces diplômés de l'école de guerre que la France n'était pas, ne devait pas être une barrière douanière ou un empire de tyran¬neaux fonctionnarisés, mais une idée, une grande idée.
Le général Giap sortit brusquement dé son silence:
— Nous attaquerons le 29 à l'aube, déclara-t-il.
Il y eut comme un soupir unique qui s'échappa des poitrines de cette assemblée
LA BATAILLE DU DAY
était virtuellement commencée.
Dehors, les éléments de la division 320 continuaient de passer dans une gloire de poussière.
Source : Gérfaut