Pour son premier roman paru à
l'Ecailler du Sud, Philippe Arnaud, auteur confirmé
de nouvelles, nous a accordé une entrevue... décalée.
Ses propos reflètent le ton de son livre : plein d'humour
et des idées originales.
Un roman à ne pas manquer et que nous vous conseillons vivement.
Bibliopoche : Vos écrits
sont plutôt portés sur la nouvelle, et avec réussite.
Comment vous est venue l'idée du roman ?
Philippe Arnaud : Je suis né
en Corrèze en 1969 de père inconnu. Ma mère
faisait des ménages dans les châteaux de la région.
Pendant toute mon enfance , un mystérieux parrain a
envoyé des chèques à la maison pour subvenir
à mon éducation ce qui m'a permis de faire des
études à la Sorbonne puis d'intégrer
Normale Sup. C'est suite à ma rencontre avec Mazarine,
la femme de ma vie et la naissance de notre fils, François-
Jacques que l'idée d'écrire un roman m'est venue.
Ceci dit, les raisons profondes, je les ignore.
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La
boîte à chagrins
Spéciales N°7
296 Pages - 10/2002
ISBN : 2914264267
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B : Pourquoi avoir choisi le Président
de la République ?
P.A. : A cause de mon parrain. Quand il a
bu trop de coronas, il me demande de l'appeler papa et il me dit
sur le ton de la confidence : un jour, fils, je t'inviterai à
l'Elysée. Il est un peu excentrique mon parrain, c'est un
auvergnat qui est monté à Paris. L'Elysée,
c'est un fantasme de paysan diplômé, resté pas
assez longtemps à la communale et trop longtemps à
l'ENA. C'est pour lui faire plaisir.
B : Les " excentricités "
du personnage principal ont-elles à voir avec l'actualité
( repas et vin et vie conjugale ) ?
P.A. : Oui, bien entendu. Tout est vrai.
La preuve, dans le prochain épisode, je raconte comment une
nuit d'été, en vacances au fort de Brégançon,
le Président exhibe ses bijoux de famille devant un parterre
de paparazzis armés de puissants téléobjectifs.
Dit ainsi, ça fait exagéré et on se dit, vraiment
Arnaud, quelle imagination. Et bien, je vous jure sur la tête
de mes deux fils, que c'est la vérité vraie. J'invente
rien, je suis juste bien documenté ( plus les confidences
de parrain. )
B : Vous êtes allé loin dans
les descriptions de l'horreur. Quel était le but ?
P.A. : L'adaptation des droits télévisés.
Les responsables de chaînes m'ont dit : tu vois coco, si tu
veux qu'on te prenne ton livre, tu nous balances un max de bouldum
( bouleversant d'humanité pour les profanes ) et du sanguinolent
bien gore. J'ai suivi le cahier des charges.
B : Vous dépeignez une vie à
l'Elysée inconnue du grand public. Vos sources ?
P.A. : Corona avec parrain, sinon: Saint
Emilion Château Coutet, Chivas et Bandol rosé, au dessus
de 15°. Des sources composées essentiellement de jus
de raisin fermenté et vieilli en fûts de chênes,
d'alcool de grains de 12 ans d'âge et accessoirement de livres
et articles qui s'empilent sur mon bureau et que je lis quand toutes
les sources en bouteilles sont taries, que tout est fermé
et que j'ai deux ou trois heures à occuper avant l'ouverture
du premier bistrot ou de la première épicerie.
B : Certaines idées " sociales
" ressortent de votre livre. Vous avez voulu faire passer des
messages ?
P.A. : Oui. Plein. C'est un deal avec mon
éditeur qui est un sous-traitant de la Poste et de Wanadoo.
Je fais passer des messages en douce, limite subliminal, et on a
droit à un abonnement à internet gratuit. Personne
n'a le courage de le dire mais moi je balance : tous les auteurs
sont sponsorisés. Si vous publiez cet interview et les lignes
qui vont suivre, je pense que j'aurai le prix SNCF, l'année
prochaine (ou à défaut une carte orange trois zones
).
Bertin, épisode 2, extrait :
" Vous prenez le train, Monsieur le
Président ?
Bien entendu, Solard, c'est rapide et tout
le monde sait que le TGV Marseille- Paris n'est jamais en retard.
"
B : D'où est venue l'idée
du fantôme ?
P.A. : A Colombey-les-deux-églises,
un jour de juillet alors qu'il faisait une chaleur caniculaire.
J'étais tombé en panne d'essence et en attendant la
dépanneuse, je suis rentré dans le petit cimetière
du village pour me protéger du soleil et manger un sandwich
à l'ombre ( et au fromage ). J'avais posé un bout
de fesse sur une dalle de marbre quand j'ai entendu une voix me
dire :
si tu voulais bien te pousser, gamin, tu
es assis sur mon képi.
B : Mirliton et ses amis sont aussi aveugles
que ceux qui côtoient Superman pour ne pas voir la réalité
( rires )
P.A. : Ce n'est pas de l'aveuglement.
Ca s'appelle très simplement l'amitié, voir les gens
non pas comme ils sont mais comme on les aime.
B : Tous vos personnages mangent la vie
à pleine dents. C'est votre conception ?
P.A. : Absolument. La vie est courte.
Comme le rappelle Prachett et Gaiman dans De bons présages
( J'ai lu Fantastique ) : demain est le premier jour du temps qui
nous reste à vivre.
Ne le gâchons pas avec des choses qui n'en
valent pas la peine. Dieu ou le diable, ou peut-être les deux
ensemble ont fait le vin, le corps des femmes, l'Italie, la musique,
la peinture, la poésie et tellement de choses merveilleuses.
Il faut les mordre à pleine dents. Tout le reste est littérature.
B : Vos projets d'avenir ?
P.A. : A moyen terme : des nouvelles,
le second épisode des aventures du Président Bertin,
un autre roman déconnant et un roman noir
A long terme : un roman picaresque en cinq livres
et 2000 pages environ
A court terme : la vaisselle qui s'entasse depuis
dix jours puis la première phase du processus de reproduction
des hominidés sapiens parce que mon lave linge déborde,
que je n'ai plus rien de propre à me mettre et qu'à
force de me balader à poil dans l'appartement ça me
donne envie de m'habiller d'une paire de draps frais et de seins
chauds.
Merci
Benjamin DUQUENNE
Le résumé :
Le Président sennuie à
lElysée. Tant est si bien quil a mis en place
une double vie. Accessoirement (ou bien est-il accessoirement président
?) le voilà détective. Le détective-président
Léon Bertin sur la piste dun tueur en série
qui assassine avec sadisme et imagination selon un plan diabolique.
Et qui lance un défi à la police... Dans une course
contre la montre où chaque semaine qui passe allonge la liste
des victimes, Bertin, entre deux manifs et un remaniement, est décidé
à arrêter le monstre. Et il y mettra du sien.
Source : L'Ecailler du Sud
Ce que nous en pensons :
Idée originale et personnage hors
du commun, Philippe Arnaud a su diriger son enquête en évitant
banalités du genre et ennui. On y retrouve l'humour mais
aussi des idées fortes dans un décor peu banal - L'Elysée
- que l'on découvre sous un jour nouveau.
Notre note :
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