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EVANGELINE SAINT-LEGER par
Claude Le Nocher
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Jean-Pierre Ferrière est un auteur qui ne déçoit
jamais ses lecteurs. Depuis 1957, il a publié plus
de 65 romans, tous de grande qualité. Ses atouts ?
Des intrigues bien pensées, une narration fluide, et
une bonne dose d'humour ou d'ironie. Et, surtout, ses attachantes
héroïnes.
" Oui, mes personnages sont souvent des femmes (
)
Pour moi, le roman policier, c'est faire faire d'horribles
choses à des jolies femmes. Une femme qui ment, c'est
déjà un roman " expliquait-il dans une
interview à Mystère Magazine en juin 1971.
Quand on évoque Ferrière, on pense tout de suite
à la série de romans mettant en scène
les hilarantes surs Blanche et Berthe Bodin. Mais on
ne devrait pas oublier les quatre romans ayant pour héroïne
Evangéline Saint-Léger. Cette grande bourgeoise
snob est ainsi présentée au début de
sa première aventure :
" A 38 ans, Evangéline paraissait avoir à
peine dépassé le cap de la trentaine. Elle était
très mince. De grands yeux au regard étonné
lui donnaient un air de fragilité qui retenait et séduisait.
Les cheveux d'un blond très doux retombaient en vagues
souples sur ses épaules (
) Tout en elle était
grâce et féminité. " Au 4e roman,
elle aura 44 ans.
Evangéline est mariée à Alexandre, souvent
absent : " [il] était en train d'installer, au
pied d'un gratte-ciel de la 42e rue [New York], une galerie
qui était l'exacte réplique de celle qu'il avait
ouverte dix ans plus tôt aux Champs-Élysées.
"
Ils ont deux enfants, largement impliqués dans les
aventures d'Evangéline : Philippe a, au fil des histoires,
de 17 à 24 ans. Sa sur Sophie a un an de moins.
" Tous deux étaient aussi pâles et aussi
blonds l'un que l'autre ".
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Dans l'interview
déjà citée, on interroge Ferrière
sur Evangéline. Il répond : " Çà,
c'est un grand regret. J'aurais bien voulu la reprendre, mais
au Fleuve Noir, je donne des choses très
noires.
J'en ai écrit un quand même, " La mort en
sautoir ", qui est un vieux livre un peu retapé
- il était destiné à Ditis (
) Je
crois le personnage un peu démodé. Il était
amusant il y a dix ans. En réalité, je ne sais
pas
" (Mystère Magazine, juin 1971)
Non, cette héroïne n'est certainement pas démodée.
Bien sûr, elle représente la bourgeoisie 16e/Neuilly
de son époque. Mais cette catégorie de femmes
a-t-elle vraiment disparu ? Au besoin, on peut aisément
transposer son image, l'actualiser. Précisons que l'auteur
ne la ridiculise jamais, mais nous offre une excellent caricature.
Voici un aperçu de ses aventures
" Evangéline ne reçoit plus " (Ditis
1960, La Chouette N°185)
La vie d'Evangéline connaît quelques troubles.
Son mari Alexandre lui annonce son intention de divorcer, et
s'envole vers les Etats-Unis. Le comportement de ses enfants
lui semble aussi insolite. Grâce à son amie Béatrice,
Evangéline peut heureusement se changer les idées.
Qui est cet Aldo que Philippe et Sophie paraissent craindre
? Annabel, l'assistante d'Alexandre, est-elle la cause du divorce
prévu ? La mort d'un ancien employé de son mari
est-elle suspecte ? Evangéline aimerait comprendre. Ses
enfants avouent qu'Aldo les fait chanter. Leur mère lie
connaissance avec Aldo, et entrevoit peu à peu la vérité.
Mais qui dirige cette bande de racketteurs ? Après avoir
mis ses enfants en sûreté, Evangéline joue
au détective amateur. Ce n'est pas sans danger, il y
a eu plusieurs morts. Alexandre rentrera-t-il assez tôt
pour aider son intrépide épouse ?
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" Evangéline
donne le ton " (Ditis 1961, La Chouette N°208)
Philippe, 22 ans, revient du service militaire, accompagné
de son ami Maxime qu'il a connu là-bas. Philippe
et Evangéline dépose Maxime chez lui, où
il doit retrouver sa fiancée Thérèse.
Cette dernière a disparu. Evangéline invite
Maxime chez elle. Puis, avec son amie Valérie,
elles envisagent de retrouver Thérèse. Pas
si simple ! Au grand dam de son petit ami, Sophie tombe
sous le charme de Maxime. Evangéline reçoit
plusieurs courriers de Thérèse. Elle s'interroge
également sur les récents incidents s'étant
produits autour d'elle. Quant au comportement de Maxime,
il n'est pas très clair. C'est en découvrant
l'adresse de Thérèse qu'Evangéline
finit par tout comprendre. Ce qui ne simplifie pas forcément
cette affaire.
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[lire aussi, du même auteur " Le Trouble-Crime
" (Fleuve Noir 1985 - Plein Sud, 1996) qui présente
des analogies avec ce roman]
" La mort en sautoir " (Fleuve Noir 1970, Spécial
police n°770)
Evangéline demande à son amie Valérie
de lui prêter un bijou de grande valeur
qu'elle
va rapidement perdre. Dans le même temps, elle reçoit
la visite de Pascale - qui se dit enceinte de Philippe. Plus
tard, Evangéline se rend à l'hôtel où
loge Pascale. Elle la trouve assassinée. C'est là
qu'elle pense avoir perdu le bijou de Valérie. Elle
veut protéger Philippe (qui ne se cache pas bien loin)
car la police ne tarde pas à établir un lien
entre la victime et lui. Alors que Lionel (l'actuel petit
ami de Sophie) cherche à séduire Evangéline,
celle-ci est menacée par un maître-chanteur qui
prétend l'impliquer dans le meurtre. Mais Evangéline
va trouver des alliés pour se défendre, dont
une charmante vieille dame. C'est grâce à un
cadeau offert au chat de cette dame qu'Evangéline comprend
enfin.
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" Folles de haine " (Fleuve Noir 1975, Spécial
Police n°1160)
Sylvie est menacée de chantage par Aurélien,
un mannequin. Il possède des photos pouvant compromettre
le futur mariage de la jeune fille. Evangéline
se rend chez Aurélien. Elle s'aperçoit qu'il
fait chanter plusieurs autres femmes : Antonia, épouse
d'un avocat ; Marie-Hélène, qui craint qu'un
épisode de son passé ne soit révélé
; Florence Farnèse, comédienne mûre
dont Aurélien détient certaines lettres.
Les quatre femmes vont s'allier, engageant même
un détective - peu efficace. Que sait Mme Reine,
la concierge ? Qui est cet Italien aux allures maniérées
? Et surtout, où se cache Aurélien ? Il
est probablement manipulé par quelqu'un d'autre.
Evangéline va buter sur plusieurs cadavres, avant
de découvrir la vérité. |
Sauf erreur, Evangéline Saint-Léger n'a
pas vécu d'autres aventures. On a pu constater
combien la vie de cette mondaine futile pouvait être
agitée. Précisons que, dans l'action, elle
fait preuve d'un courage et d'une lucidité bien
éloignés de son image initiale. Un hommage
méritait d'être rendu à cette superbe
héroïne. |
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CLAUDE
LE NOCHER
article paru dans la revue 813 en 2003
Un roman récent de Jean-Pierre Ferrière : LA
SEINE EST PLEINE DE REVOLVERS
(Editions Page après page, 2003)
Autre article sur J.-P. Ferrière
par René Barone : http://membres.lycos.fr/polar/html/jpf.html
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