Le Billet Polar
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Vrais ou faux titres animaliers par Claude Le Nocher

De nombreux titres de romans comportent des noms d'animaux. Ceux ci figurent-ils vraiment dans les histoires en question ? S'agit-il seulement d'images, de symboles ? D'abord, deux exemples évidents :
" SOUPE AUX POULETS " d'Ed McBain (1959, Un Mystère 501). Une recette culinaire à l'Américaine ? Non, les flics du 87e sont menacés par une dingue voulant les faire sauter avec de la nitroglycérine. Un bon suspense. " DES COLLETS POUR LES SOURIS " de François Baincy (1972, Fleuve Noir S.P.996). Un remède efficace contre les rongeurs ? Non, des jolies infirmières sont étranglées en série. L'assassin déteste-t-il les femmes volages, ou veut-il supprimer sa compagne parmi les autres ? Rien de tel. Un double dénouement pour une enquête classique et bien construite.
Poulets, souris, pigeon, pas difficile de deviner qu'on utilise un langage argotique ou imagé. Voici maintenant des titres peut-être moins
évidents :
" LA DAME AUX CORBEAUX " de Georges Tiffany (1970, Fleuve Noir S.P.785). Y évoque-t-on ces oiseaux maléfiques ? Oui, une femme mûrissante a deux plaisirs dans la vie : séduire de jeunes étudiants étrangers, et nourrir les corbeaux près de chez elle. Les jeunes disparus sont retrouvés en morceaux. La police enquête. Cette dame finira mal. Original, sanguinolent, et souriant. Un très bon roman.

 

" ATTENTION AU BARRACUDA " de Michel Lebrun (1963, Un Mystère 666). Un gros poisson exotique et dangereux ? Non, un requin des affaires se croit irrésistible auprès des femmes. Quand l'une d'elles se venge, il a de quoi s'inquiéter. Impossible de redevenir honnête en quelques semaines. Un roman bien ficelé de l'inoubliable Lebrun.
" LES CHIENS SONT LACHES " d'Adam Saint-Moore (1980, Fleuve Noir S.P.1549). Qu'en pensent les mordus du polar : toutous or not toutous ? Oui, des féroces dobermans assurent la sécurité nocturne d'un jeune héritier menacé, pendant que le flic privé saute sa sœur. Ce qui n'empêchera pas qu'il soit enlevé, et le maître des chiens assassiné. Au début, le discours facho du policier déçu peut déplaire, à juste titre. Sur la fin, il ne fait plus autant le malin. Un roman pro, solide, bien fait.
" ATTENTION AU CHEVAL BLEU " de Ben Benson (1953, Un Mystère 123). Un mustang du Far West, version punk ? Non, une statuette de l'époque T'ang (influence de Van Gulik ?) qu'un jeune brocanteur fauché propose à un milliardaire. Quatre morts, dont un flic. Un policier pur et dur, un brin désabusé, mène son enquête et s'oppose à un jeune collègue arriviste. Une intrigue de très bonne qualité.
" CHIENS ECORCHES " de G.J.Arnaud (1974, Fleuve Noir S.P.1143). Le meilleur ami de l'homme est-il en danger ? En effet : un voleur de chien alimente un trafic destiné aux laboratoires. Mais son jeune associé est moins cruel. Et un vieillard gênant va s'égarer dans la nature. Pour le trafiquant, tout est bon pour gagner de l'argent. Des faits divers réels servent de base à cette excellente intrigue. Du même auteur : " UN COUP DE CHIEN " (1963, Fleuve Noir, S.P.336). Une enquête sur des chiens empoisonnés dans un quartier. Un flic besogneux s'en occupe, malgré les moqueries de ses collègues. Une affaire de rivalité professionnelle risquant de finir par un meurtre. Un très bon petit roman.

" NE TUEZ PAS LES PEKINOIS " de Roger Vilard (1983, Fleuve Noir S.P.1827). Elimine-t-on ici des Chinois ou de gentils petits chiens ? Oui : des vilains méchants motards paumés violent une femme, et tuent quatre chiens. La vengeance de leur maîtresse sera sans pitié, via un ancien flic. Que les chiens portent les noms des quatre mousquetaires reste le principal intérêt de ce livre même pas drôle.
" UN CHAT POUR CLIENT " d'Erle Stanley Gardner (1964, Un Mystère 717). Un matou s'adresse-t-il à l'avocat Perry Mason pour le défendre ? C'est à peu près çà : les héritiers d'un riche défunt menacent d'empoisonner le chat d'un vieil employé fidèle qui sera d'ailleurs assassiné. Pourquoi le patron a-t-il retiré un million de dollars de la banque avant sa mort ? Compliqué à souhait, comme tous les Perry Mason. Passionnant aussi. L'auteur évoqua souvent les animaux dans ses titres : " Le canari boiteux ", " Le perroquet faux-témoin ", " Le canard qui se noie ", " Gare au gorille ", " Les singes subtils ", " L'hirondelle éplorée ".
" LE CHAT, LE BOULEAU ET LE PETIT MARTIN " de Pierre-Martin Perreaut (1980, Fleuve noir S.P.1580). Un fable avec un brave minet ? Oui : un conflit de voisinage, le chat d'une vieille dame est introuvable. Quand c'est le fils d'un jeune couple qui disparaît, l'affaire devient sérieuse. Kidnapping, fugue ou meurtre ? Un roman moyen de cet auteur parfois original (qui avait obtenu le Prix du Quai des Orfèvres huit ans plus tôt).
" LA BICHE " de Geneviève Manceron (1956, Ditis-La Chouette n°36). Une bucolique histoire de cervidés ? Non : un braquage qui tourne mal près de paris, un flic abattu à La Bourboule, un autre menant l'enquête pour découvrir la criminelle se cachant sous le nom de " La Biche ". Un roman sans prétention, qui se lit pourtant avec plaisir. L'auteur utilisait des noms d'animaux dans tous ses titres : " Les brebis tondues (id, 134), " Anguilles sous roche " (id, 96), " La puce à l'oreille " (id, 66), " Pauvres petites crevettes " (id, 54). En réalité, ce dernier titre évoque un tableau.
" LA CITE DES DOGUES " de Jean Failler (1998, Edition du Palémon 8). Des molosses peu sympathiques ? Simple jeu de mots ? En effet, l'aventureuse lieutenant de police Mary Lester va bien croiser ces chiens méchants lors d'une enquête à Saint-Malo. L'un d'eux va même l'attaquer, mais la petite a des réflexes. (Roman adapté pour un épisode de la série sur France 3). Une enquête mouvementée.
" LES CAFARDS " de Brice Pelman (1971, Fleuve Noir S.P.911). Des idées noires ou des insectes inquiétants ? Oui, la malheureuse héroïne, après bien des avatars, sera enfermée dans une cave peuplée de cafards. Dans ces conditions, comment ne pas sombrer dans la folie ? Un excellent roman.

 

" LE MAMMOUTH A LA PEAU DURE " de Pierre Salva (1974, Eurédif Atmosphère n°69). Un roman préhistorique avec des monstres antédiluviens ? Non, le héros de cette série de petits romans est ainsi décrit par l'auteur : " Sous son air bovin, personne n'aurait cru qu'il était un remarquable inspecteur d'assurances, l'un des plus habiles de sa profession ". Un cousin du Gorille d'Antoine Dominique ?
" LE PAVE DE L'OURS " de Roger Faller (1968, Fleuve Noir S.P.693). Parlons-nous d'un plantigrade sévissant dans nos contrées ? Non : c'est ici un nounours en peluche qui est la clé du mystère dans une affaire d'adultère et de tentative de meurtre sur un vieux mari adorant sa jeune femme. Cet auteur inégal nous offrit d'autres romans beaucoup plus réussis (tel " La bonne parole " - S.P.1453 - dix ans plus tard).
" ISABELLE ET LA BÊTE " de Dominique Arly (1975, Fleuve Noir S.P.1199). Ce monstre existe-t-il, est-il imaginaire ? C'est toute la question de cette intrigue. Un simple quidam aidé d'une jeune fille sensuelle tentent de savoir si une bête mystérieuse rôde dans les bois de la région, et a tué une femme. Un bon petit suspense.
" LA PUCE A L'OREILLE " de Michel Cousin (1963, Un Mystère 676/ou 1973, Presses Pocket 1042). Le héros se sent si bien dans cette propriété, auprès de la femme qu'il aime. L'arrivée de la famille et d'amis va gâcher son plaisir. Une mort supposée accidentelle, un meurtre. Le narrateur n'est pourtant pas un criminel. Quel rapport avec notre sujet ? Il suffit de lire jusqu'au bout cet astucieux roman, pas si classique.
" MAIS A QUI APPARTIENT VICTOR ? " de Mario Ropp (1980, Fleuve Noir S.P. 1558). Oui, Victor est un chien, que personne ne reconnaît. Que faisait-il en compagnie de cette jolie jeune femme qui a noyé une voiture avant d'être accusée du meurtre de son mari ? De retour dans son quartier, où s'est-il enfui ? Une comédie policière traitée avec habileté. L'auteur titra souvent sur les animaux : " La panthère et le petit chien ", " Pourquoi voulez-vous qu'une alouette chante ? ", " La route aux loups ", " La mort en peau de phoques ", " Le hérisson ", " La nuit de l'araignée ". Etait-elle membre de la S.P.A. ?

Ce vrai-faux questionnaire aurait pu citer tant de titres célèbres ou méconnus !
" Le chien jaune " (G.Simenon), " Le chien des Baskerville "(Conan Doyle), " La rançon du chien " (P.Highsmith), " Le chien de Montargis " (Jean Amila), " L'os et le chien " (Jean Stuart), " Les quatre vipères " (P.Véry), " Le singe et le tigre " (R.Van Gulik), " Le singe et le vampire " (Rex Stout), " L'oiseau de Quesada " (M.J.Leygnac), " Les ailes du corbeau " (Ellis Peters), " Le tigre bleu " (Claude Joste), " Les dents du tigre " (M.Leblanc), " Sous l'œil des vautours " (R.Vilard), " Le voleur de poules " (J.Carter), " Le mystère de l'éléphant " ou " Le renard et la digitale " (Ellery Queen), " La nuit du chat " ou " Le piège aux serpents " (Adam Saint-Moore), " Le loup de Matamoros " ou " Des chevaux et des femmes " (M.G.Braun), " Les rats de Montsouris " (Léo Malet), " Halte aux crabes " (Jean Mazarin)…etc…


 


 

 


 

 

 

CLAUDE LE NOCHER
article paru dans la revue 813 en 2002

 

 

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